jeudi 16 & vendredi 17 février 2017 / 21:00
SPECTACLE SURTITRÉ EN FRANÇAIS
PRIX UBU 2012 de la meilleure actrice pour Daria Deflorian
A Bastia, après le Festival d’Automne à Paris (théâtre de la Colline du 30 septembre au 11 octobre 2015)...À la recherche de Janina Turek.... En 2000, à la mort de cette femme au foyer de Cracovie, sa fille découvre 748 carnets dans lesquelles elle a consigné les événements les plus infimes de la vie : appels téléphoniques (38296), personnes à qui elle a dit bonjour (233979), rendez-vous fixés (1922), émissions de télévision qu’elle a regardées (70042), nombre de fois où elle a joué aux dominos (19)... Comment représenter le mystère de cette femme ? Comment approcher au plus près la réalité sans le spectacle de ces vies minuscules et néanmoins uniques, irremplaçables ? C’est l’enjeu de la Trilogie de l’Invisible de Daria Deflorian et Antonio Tagliarini dont Reality est l’un des épisodes. Depuis 2008, l’actrice et le danseur-chorégraphe créent des spectacles sous forme de dialogues parlés-dansés sur la violence politique et ses répercussions sociales. Imaginer les gestes de Janina Turek, les situations, se disputer l’interprétation des faits, convoquer l’histoire polonaise du XXe siècle par éclats... Tout le talent du duo, complice, émouvant, irrésistible, est de nous faire partager sa quête, de faire passionnément théâtre avec l’inexplicable. Et transformer une existence anonyme en œuvre d’art.
Daria Deflorian et Antonio Tagliarini ne cherchent pas à mettre en scène cette vie ou à la reconstituer, mais à dialoguer avec ce que Janina nous a fait savoir et avec ce que nous ignorons d’elle. Leur spectacle crée une série de courts-circuits entre la scène et la matière de cette vie, entre les acteurs et les spectateurs autour de cette matière : il s’agit encore une fois d’investiguer par le jeu, par la scène, par la mise en commun avec le public, la perception de ce que nous appelons réalité.
Un peu comme l’époque Thatcher a provoqué de rageuses écritures scéniques et cinématographiques en Angleterre, il semble que la crise en Italie, loin d’étouffer la scène, produise de nouvelles dramaturgies qui cherchent à empoigner les drames sociaux. Daria Deflorian et Antonio Tagliarini incarnent cette nouvelle effervescence, ancrée dans un théâtre pauvre qui mise complètement sur le jeu des comédiens pour toucher directement au coeur des traumas. Ils vident la scène pour tenter d’aménager, dans le seul langage, les conditions d’une représentation vraie et sensible.
www.defloriantagliarini.eu