Chickencréation 1997
“On traverse son époque comme on passe la pointe de la Dogana , c’est à dire plutôt vite .” Guy DEBORD
Un café-restaurant d’ouvriers . Vide .
BILLY Tout ce que je veux c’est deux repas par jour.
PAT Il y a beaucoup de gens qui veulent ça .
BILLY Il y a beaucoup de gens qui ont ça .
PAT Je parie que de toute ta vie tu n’a pas travaillé un jour entier .
BILLY Il faut quand même que je mange .
PAT Ceux qui ne travaillent pas ne mangent pas .
BILLY Bien sûr que si .
PAT Pas s’ ils ont des principes .
BILLY Je suppose que vous ne pourrez pas me dire où je pourrais avoir quelque chose ?
PAT Je connais une cuisine où ils laissent une poubelle près de l’entrée de service.
BILLY Oh .
PAT Tu veux entrer au parti ?
BILLY Non merci .
CHICKEN
de Gregory MOTTON
mise en scène de François Bergoin
répétitions du 10 au 31 mars 1997 à Bastia-Corse
création du 1 au 5 avril 1997- Fabrique de Théâtre-Bastia
9 personnages avec tous une obsession particulière : manger, le patrimoine national, la télévision, soi même, les hommes, les rats, l’intégration, la loi.
9 personnages errants, en fuite, à la poursuite de quelque chose ou de quelqu’un,
en glissade permanente, aussi libres que paumés, prenant la tangente, préférant s’éclipser qu’affronter la conversation.
Voulant bien s’en sortir mais ne sachant choisir entre les issues.
AU SECOURS !
9 personnages qui n’ont ni raison-ni tort, qui s’acharnent parfois, qui cèdent toujours, plaçant dans le refus de faire front leur dignité.
9 personnages attendrissants, drôles, faibles ou forts suivant l’instant.
A priori pas de quoi casser 3 pattes à un canard ( ou à une p... ) !
Mais justement si . Pour tordre le cou à la réalité, pour qu’elle crache le morceau.
Que faisons-nous de nos vies ? Où avons-nous rangé nos utopies ?
Qu’avons-nous fait de notre talent ? Quand est-ce qu’on mange ?
Pourquoi avancer dans la vie comme l’on marche sur des oeufs ?
Les peurs dirigent nos vies... Et ce n’est pas à tout coup sordide.
Juste minable.
Motton est anglais, son texte est drôle, alors on dit que c’est de l’humour.
Le texte a 10 ans et il est juste, terriblement .
Sur la misère de cette fin-faim de siècle.
Sur les intégristes de l’ordre national. Sur nos amours qui se croisent.
Sur les voiles imposés à nos désirs. A jouer sans arrogance.
Avec jeux de mots, de mains, de vilains, demain matin et tant et tant de malins, ...
C’est un spectacle très rapide. 3 tables de cantines. Une rue.
Aller-retour entre le chaud et le froid, conscient et inconscient, d’une île à l’autre.
Périples intérieurs de héros du quotidien, entre haut et bas, l’ordre n’est plus établi
et ce que nous prenions pour la réalité bascule.
Il y a des moments où l’on ne sait quoi faire de sa peau... Des poules mouillées .
François BERGOIN - Mars 1997
avec
Catherine GRAZIANI dandilion
Léa COULANGES municipal
Chantal KERNEÏS tendre lisa
Tony AUTRET billy
Karim Hammiche / Ulysse FELLOUS mustafa
Paul GRENIER pat
Frédéric BAUDIMANT / Philippe GUYOMARD violo
Eric HERMENT saxo
Frédéric LEMARCHAND costo
François BERGOIN michael
El Mekki ARRHIOUI régie technique
Hélène FAYADAT maquillage
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